1967-1984 : Les Anthropakia
1967
Le 21 avril, le coup d’État des colonels plonge la Grèce sous le joug de la dictature. Par opposition au régime, artistes, écrivains et intellectuels ont décidé de ne pas prendre la parole et refusent de participer aux manifestations culturelles.
Gaïtis se rend au Brésil pour y demeurer sept mois. Il voyage à travers le pays et peint nuit et jour pour préparer ses expositions. Il participe à la Biennale de São Paulo avec Christos Caras et Costas Tsoclis.
Il expose au Musée Rath à Genève et aux galeries Zu Predigern à Zürich, T à New York et Merlin à Athènes.
1968
Les artistes comprennent que la meilleure résistance est de témoigner.
Gaïtis réalise une série de toiles qui condamnent la dictature.
Les anthropakia, les bonshommes de Gaïtis, deviennent un élément déterminant et représentatif de son style et de son œuvre.
Il expose aux galeries Schneider à Rome et Il Traghetto à Venice.
1969
Il réalise les premières constructions dans l’atelier qu’il partage avec Annie Costopoulou, avec laquelle il partagera les dix dernières années de sa vie.
Il expose ses constructions et ses toiles à la Néa Galerie d’Athènes et aux galeries Il Giorno à Milan et Il Salotto à Côme.
1970
Dans une recherche permanente, la forme du « bonhomme » aboutit à une stylisation parfaite.
1971
Il rencontre Serge Bergon, cinéaste qui réalise le film Gaïtis le Baladin où on découvre un Gaïtis arpentant Paris à la recherche du bonhomme échappé d’une de ses toiles.
1972
Il expose à la galerie Desmos d’Athènes la série des Machines volantes et ses installations dédiées aux équipes de football Olympiakos et Panathinaïkos.
Il dessine et supervise la construction de sa maison personnelle à Ios, laquelle dialogue, dans le même paysage de bord de mer, avec celle de Jean-Marie Drot qu’il a également conçue.
1973
Séduit par son travail, l’écrivain et poète Pierre Seghers signe un an plus tard un ouvrage sur les constructions de Gaïtis dans la série Modern Greek Painters des éditions Tram.
À la galerie Desmos, il présente sa grande construction L’Enterrement de la peinture, composée d’un cercueil et d’un cortège de bonshommes. Le titre fait allusion aux événements tragiques de novembre 1973 à l’École polytechnique d’Athènes contre les étudiants.
1974
Une exposition itinérante est organisée aux États-Unis par la Circle Gallery à Chicago, San Diego, Los Angeles et San Francisco.
Après la chute de la dictature, Gaïtis quitte Paris et revient s’installer définitivement en Grèce.
1975
Le nombre de ses expositions ne cesse de grandir. Cette année seulement, il organise six expositions personnelles et participe à neuf expositions collectives.
1976
Il expose à New York à la Circle Gallery et, à Rome, à la galerie Schneider.
1977
À la galerie Trito Mati d’Athènes il présente, pour la première fois depuis les années 1950, les aquarelles et les dessins de 1947 à 1954.
Avec la série Les Paysages humains, il participe à la FIAC avec la sculpteur Gabriella Simossi et la céramiste Eleni Vernardaki.
1978
De grandes expositions personnelles sont organisées aux musées d’art moderne de Belgrade et de Skopje en Yougoslavie où ses bonshommes envahissent les toiles.
À Athènes, il participe, comme l’année précédente, au festival annuel organisé par le journal de gauche Avgi.
1980
À l’occasion de la présentation de la série Les Antiquités à la galerie Polyplano d’Athènes, Nikos Papadakis publie une monographie intitulée Yannis Gaïtis, un créateur révolutionnaire. Il s’agit là du premier ouvrage qui retrace sa trajectoire artistique.
1981
Les bonshommes prennent vie, se baladent dans les rues et interagissent avec les passants lors des « démonstrations » (ou happenings) organisées à Patras et Thessalonique.
Stathis Chrissicopoulos organise pour le Carnaval de Patras un cortège de cent personnes habillées de costumes rayés et coiffées de chapeaux melons qui défilent dans les rues.
Cette manifestation se renouvelle à Thessalonique lors de l’exposition personnelle à la galerie Cochlias.
1982
L’Institut français d’Athènes accueille Les Bonshommes de Yannis Gaïtis.
Pour Europalia 82 de Bruxelles, où la Grèce est à l’honneur, Gaïtis expose au Palais des Congrès.
Le couturier Yannis Tseklenis s’inspire des bonshommes de Gaïtis pour sa collection d’été 1982 « Tseklenis from Gaïtis ». Ses créations sont présentées à Athènes, dans le grand magasin Minion, ainsi qu’aux grands magasins de Dallas et New York, aux États-Unis.
A l’occasion d’Expo Arte 82 à Bari en Italie, Gaïtis rencontre le critique d’art Giuliano Serafini.
1983
La galerie Aixoni à Glyfada ouvre ses portes avec Les Objets de Yannis Gaïtis. Des étendards en tissus, du mobilier composé de chaises, tables, canapés, porte-vêtements et autres objets sont présentés – tous inspirés du bonhomme.
Il expose à Bologne à la galerie Asinelli et à Florence à la galerie Aglaïa.
Il participe à l’exposition Chili, lorsque l’espoir s’exprime au Centre Georges Pompidou.
Une rétrospective lui est consacrée dans le grand magasin Minion à Athènes – Gaïtis chez Minion.
En novembre, Yannis, malade, part pour New York accompagné de sa fille Loretta et d’Annie Costopoulou. Pour exorciser sa maladie, il réalise une série d’autoportraits au feutre: devant le miroir, il se dessine dans un geste unique, rapide et précis.
Avant leur départ, Gabriella vient à Athènes auprès de lui, puis regagne Paris, où elle réalise des collages à valeur d’ex-voto pour éloigner la maladie de Yannis.
Une exposition rétrospective de son œuvre est en préparation à la Pinacothèque nationale d’Athènes. Depuis New York, il dessine les constructions monumentales destinées à l’exposition.
1984
La rétrospective de son œuvre est présentée à la Pinacothèque nationale d’Athènes.
Gaïtis visite l’exposition – que sa fille Loretta, architecte, aidée de Gavrilos Michalis, met en place avec respect et amour – avant l’inauguration qui a lieu le 16 juillet et à laquelle il ne pourra malheureusement pas assister.
Athènes qui, dès les années soixante-dix a reconnu son talent, découvre toute l’ampleur de son œuvre et la richesse de son parcours. Yannis Gaïtis peut maintenant se retirer, apaisé.
Il meurt le dimanche 22 juillet 1984.
Mélina Mercouri, alors ministre de la Culture, organise des obsèques nationales.
En hommage à Yannis Gaïtis, le film de Georges Sgourakis, est diffusé à la télévision grecque au mois de novembre dans la série Monogramme.